The Thing, de John Carpenter (1984).
Avant The Thing (1982), découvert ado avec cette VHS, j'étais déjà familier de Big John. J'ai poncé la K7, fasciné par le travail de Rob Bottin, présent sur la jaquette.
Amusé par ses effets spéciaux mécaniques et de maquillages, je regardais The Thing pour le fun qu'il me procurait. Alors la question se pose: m'a t-il traumatisé?
La réponse est oui, mais en grandissant, lorsque je l'ai revu en DVD, en VO. La paranoia omniprésente et maladive, le principe Hobbesien de l'homme un loup pour l'homme, le désert post-apocalypse de l'Antarctique, la contamination virale, la brutalité indiscriminée sur animaux et humains, tout a convergé pour changer mon regard d'ado avide d'images-choc, de gore et de délire WTF, pour me rendre compte adulte du caractère transcendental, ultime, de ce chef d'œuvre malmené.
Héritier des E.C. Comics et des univers lovecraftiens, Carpenter s'allia à Mike Ploog au storyboard, se dota d'un casting d'ensemble à la 12 hommes en colère où Kurt Russell, sublime, fragile, est pourtant leader impérial, dut gérer un Rob Bottin au summum de sa folie (ses frasques rendaient fous tout le monde), et collabora avec Ennio Morricone pour une partie du score. Malgré ce beau monde, la production chaotique du film et la sortie en salle face à un rival imbattable (E.T. de Spielberg) ont participé à l'échec de cette première aventure de Carpenter pour un studio.
D'une violence sans concession, hanté par la guerre (Viet-Nam, conflit larvé avec l'URSS) et la menace des épidémies (début des années SIDA), ce body-snatcher est un film qui me terrifie de plus en plus visionnage après visionnage. Alien féroce, mais pas autant que le sont les protagonistes entre eux, plages synthétiques arides jusqu'à en avoir du mal à déglutir, étendues neigeuses infinies, miroirs de la claustrophobie des intérieurs de la station, aporie sans happy-end, nihilisme crève-cœur irrésolvable face à l'horreur cosmique, The Thing a imprégné ma psyché autant que mon cœur.
Dans Mad Movies, Big John déclara que The Thing était pour le public de l'époque "un film vraiment trop épouvantable". Je préfère penser qu'il est éprouvant-magistrale.
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