Die unendliche Geschichte, The NeverEnding Story, L'Histoire Sans Fin, de Wolfgang Petersen (1984).


Revu en salle en VF.

Un fondu musical sur la chanson éponyme de Georgio Moroder featuring Limahl. Des nuages à la palette gris-rose évocatrice de rêves d’envol ou de fuite (flight). Plan de coupe qui rompt la douceur des premières notes. Bastian, enfant orphelin de sa maman, se réveille en sursaut, un livre qu'il a laissé ouvert sur lui après s’être endormi à sa lecture la veille.

Petit-déjeuner censé unifier enfant et père dans le deuil. Hélas, réalité du quotidien: fais davantage d’efforts Bastian, ne reste pas dans la Lune, ne t’appesantie pas sur ta tristesse, impératifs kantiens démissionnaires. L'enfant opine du chef pendant que son père s’enquille un milkshake infâme à l’œuf cru et ébouriffe sa coupe au (manque de) bol, dans un geste qui, symboliquement, le cristallise en tant qu’orphelin complet, en mode “démerde-toi”.

Sur le chemin de l'école, pourchassé par trois harceleurs, il trouve refuge, par sérendipité, dans un bookshop, un endroit sans “bibibibibip”, où on vend des livres. Accueilli par un vieux libraire scrogneugneu, Bastian l’adoucit en lui citant les grandes œuvres littéraires mono-mythiques qu'il a déjà lues. Comme Nick, le projectionniste de Last Action Hero, Carl est un levier pour l'enfant qui va entrer en possession d'un objet, ici non pas un ticket de cinéma, mais le roman éponyme.

Tous les voyants sont au méta. Bastian, en retard à son interro de maths à la con, fait le choix de sécher, de squatter pour la nuit le grenier de l'école. Sa lecture commence.

Tissant le fil de l'adaptation partielle du roman germanophone de Michael Erde, le film met son jeune et vulnérable protagoniste en abîme et nous invite à un voyage absolument formidable: alter-ego de Bastian, Atreyu, le héros guerrier du livre, accompagné de son cheval Artax, puis de Falcor, un dragon magique, se met en quête de trouver la solution au Néant mélancolique en train de terrasser le monde de Fantasia. L’issue de cette aventure épique éclairera le devenir de Bastian en tant que lecteur-démiurge.

Regorgeant de scènes de suspense anthologiques, d'un bestiaire certes kitsch mais ravissant pour des yeux et des cœurs enfantins, d'une galerie de personnages attendrissants à l'envi, œuvre sur l’art-geste crucial qui consiste à narrer (étymologiquement «faire connaître par un récit»), The NeverEnding Story est un film que j'ai beau revoir, en VO comme en VF, je reste ébahi par sa sincérité créative, son apport marquant à la pop-culture (coucou Stranger Things), son humble mais efficace épure, qui garantissent à ce-te spectateur-ice de verser les chaudes larmes de joie qu'il mérite, lorsque, par la nomination de ce qui fut malheureusement perdu, l'espoir revient, fort, sain, sauf, et que je me prends à imaginer sentir le vent de la rétribution et de la puissance d'une enfance retrouvée, guérie, à dos de dragon.

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