Initial, de Cortez (2005).


Il y a 20 ans, en fin de période lycée, j'étais avide de découvertes de musiques tout style confondu. Des connaissances me recommandaient du metal extrême, des choses hybrides, des pépites underground. De mon côté, je lisais Metalorgie.

Ma curiosité fut piquée par la lecture d'une chronique sur le combo suisse (à l'instar de Nostromo) que constitue le trio chant-guitare-batterie nommé Cortez. J'allai acheter la galette à la FNAC.

Étiquetté post-hardcore et noise, cet album et ce son bien particulier, entre lourdeur rageuse et plages atmosphériques, entre morceaux post-metal s'écoulant comme la rivière Styx et tombées de météores emoviolentes, chamboulèrent à jamais mes pré-conçus en matière de genre de musique.

L'album, inclassable, n'a pas pris une ride. Il nous emporte avec lui dans les tourbillons de la souffrance humaine, et dans ses cris, dans une exhorte à libérer la catharsis de l'intérieur vers l'extérieur.

En 2013, à l'occasion de la sortie de leur 2e album Phœbus, j'eus l'insigne honneur de voir le groupe 2x (à la Malterie¹ de Lille, où je fus étudiant ; au Chapeau Rouge² de Sainte-Savine, commune adjacente d'où j'ai grandi) lors de 2 concerts confidentiels où je fus le-a seul-e clampin-e en transe face au mur du son que proposa Cortez.

Quelque chose dans les live de punk et de screamo reste difficile à identifier pour moi, si ce n'est que l'expérience physique d'entendre, comme si adressée personnellement à moi, la voix écorchée derrière le micro au milieu des torrents de larsens, me rappelle à tous ces gigs³ qui se posèrent là, et où moi, je me posai là, à l'affût du bon moment pour aller danser seul-e au milieu du pit, galvanisé-e par certaines premières parties mémorables, et l'attente enthousiaste de la tête d'affiche.

Archi-culte et méconnu, Cortez se séparera de leur chanteur peu de temps après Phœbus, avant de sortir un 3e et dernier album en 2018. Pas de production depuis.

Je recommande de tout remettre à zero, de retourner (et de vous retourner la tête) avec leur album de 2005: Initial.

¹ 2007: The Gay Corporation et Daughters.

² rade PMU immense, avec ses tables de billard et autres baby-foot, lieu de référence pour acheter du tabac 7/7 jusqu'à 1-2h du matin.

³ notamment dans des squats artistiques d'Île de France, feu La Bouée à Vitry, feu La Miroiterie à Menilmontant, à la Gare Expérimentale (encore active) ; ainsi que les concerts dans caves (Cantine de Belleville, Mécanique Ondulatoire, etc.)

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