Braveheart, de Mel Gibson (1995)


Adoré de moi gamin pour son gore-fest, sa soi-disant portée valeureuse, son aspect pseudo-tragique, et ses arcs romantiques mielleux, cette usine à dollars à la mécanique scénaristique pompeuse, à l'acting gênant, à la durée exagérée, aux effets de mise en scène artificiellement emphatiques (ces ralentis, wesh), m'apparait, maintenant que je suis adulte, comme le délire mégalo qu'il assume éhontément qu'il est, mené par ce mec bien ricain, bien fana de Dieu, qui se prend sans subtilité pour un grand messie martyre - j'ai nommé Mel Grippe-sou.

À la lisière de l'insulte, Gibson semble s'en taper clairement de caricaturer William Wallace et l'historique du peuple écossais, les travestissant comme s'ils étaient ces courageux sauvages paillards (« toi tuer femme ou trahir moi, moi me venger très très salement après avoir montré sous mon kilt »).

Aussi, le film donne l'impression qu'il suffirait à un gars vénère et triste de brailler des phrases de liberté à une poignées d'allumés assoiffés de belligérance contre un ennemi commun, pour insuffler un vent de rebellion et impulser une guerre d'indépendance à lui tout seul. Ça va, le Mel-on ?

En outre, avec son côté grossièrement cul-béni, le héros principal est d'une hypocrisie totale, dont j'émets l'hypothèse qu'elle est très certainement involontaire de la part du réalisateur-acteur: homme jure fidélité et exclusivité éternelles à une femme qu'il aime mais qui décède, homme part en guerre principalement pour cette raison, homme se tape sans souci la première femme qu'il rencontre et qui peut servir ses intérêts politiques. What the fuck Mel, toi et moi n'avons pas la même notion de l'honneur.

Mélo sirupeux et tire-larmes, à la reconstitution benête, coupable sans vergogne de violence-porn (vraiment pas si bien filmée que ça, même si à l'époque, c'était nouveau), cette peinture puérile des guerres Anglo-Écossaises est tout juste rattrapée par le souffle épique de son score par James Horner.

Non content de montrer une forme de masculinité ultra-problématique avec ce casting quasi-exclusivement mâle, Gibson traite les personnages féminins (des faire-valoir) et homosexuels (des baltringues) d'une manière qui m'a laissé schokbar de bz.

Là où un grand film médiéval anticolonial aurait pu être fait, on a ce crowd-pleaser ecervelé et poussif. Que 5 statuettes aient récompensé cet Oscar-bait tissé de grosses ficelles ne va pas me réconcilier avec ce genre de cérémonies. Pas même la nostalgie ne m'empêchera de baisser ma notation de 4* à ce très frustrant 2½*. Affligé-e.

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