Spetters, de Paul Verhoeven (1980)
Ce film interdit, qui fit un tel tollé en Hollande à sa sortie, je l'ai vu bien trop jeune, sur recommendation de mon père. Impossible d'appréhender un tel sommet à un âge jeune, tant la dimension sociale ouvrière nécessite un minimum de bagage sociologique, tant la sexualité fluide et débridée y est représentée avec nuance, tant la violence sourde intrafamiliale et celle tragicomique des relations explosent à une fréquence assez unique dans l'histoire du cinéma.
Punk, queer, féministe, Spetters et ce que je vis en lui n'étaient qu'une occasion de peut-être recevoir un choc, et pour être honnête, me rincer l'œil. Il y a des poitrines, des culs, des chattes et des bites magnifiques, comme souvent chez le Hollandais Violent, le Hollandais Violant tous les codes, à chaque film, à chacune des époques où il a travaillé. Les femmes y sont sublimes, brillantes, les hommes si problématiques et pourtant paradoxalement délicats. Les sécrétions coulent et les gens se déchirent, dans un ballet de chaos harmonique.
Essentiellement, quelque chose proche de l'esprit de A Clockwork Orange résonne dans Spetters, et c'est ça qui m'a traumatisé. Je n'ai rien compris au film. Mais il est devenu un jalon, certes refoulé, mais un quelque chose qui m'aide aujourd'hui à faire la paix avec mon rapport conflictuel, mais de fascination, avec le sexe, le lien à l'autre, homme, femme ou autre.
Je reviens inlassablement au cinéma de Verhoeven, car j'aime penser et panser les plaies de mes traumatismes à travers son humour ravageur. Ceux-ci ne découlent pas tant des scènes dans ses films, mais bel et bien des expériences de la vie - quoi de plus réel, réaliste, évocateur, que l'histoire des évènements?
Certainement, le cinéma de Paul Verhoeven recèle de cette faculté qu'ont les œuvres d'art de sublimer le moche. Le traumatisme lié à Spetters guérit.
Commentaires
Enregistrer un commentaire