Interview Musicale: Low Before The Breeze à l'occasion de la sortie de leur 1er LP A Hole Beneath The House We Shared.

Quelque chose de sombre sort aujourd'hui d’Atlanta (USA). Entre l’exploration de l’apostasie chez Zeal & Ardor et des groupes de blackened hardcore comme Hexis, Low Before The Breeze sortent un premier LP à la croisée des genres.

J'ai eu l'opportunité d’échanger avec le groupe par email. Vous pouvez lire cet échange ce-dessous (avant la brise).

Bravo pour le nouvel album! Il est génial.

Merci! C'est une sensation enthousiasmante qu'il soit sorti dans le monde et qu'on soit enfin en mesure de partager ce qui nous a pris tellement de temps de travail.

Parlez nous de vous hors de la musique. Parlez nous du groupe en général.

Eh bien, je m'appelle Andrew (chant, guitare, electronics) et je vais répondre au nom du groupe dans cette interwiew. Quand je ne fais pas de musique, j'aime passer du temps avec mes animaux (3 chiens et 3 chats) ainsi qu’avec ma fiancée. Dans mon temps libre, je collectionne des albums, je mange des céréales et je regarde tous les films d’horreur que je peux trouver.

Low Before the Breeze a été créé en 2021, lorsque Jonathan (batterie) a répondu à une annonce Craigslist que j'avais postée. On a connu quelques changements de lineup jusqu'à ce que Jon (mon meilleur ami et membre d'un ancien groupe en commun), nous rejoigne en tant que second guitariste et que Dennis arrive à la basse. Depuis, the lineup de groupe me donne l'impression d'être une famille et de moins en moins un hobby.

Quand on n'est pas sur scène, on se prend rarement au sérieux - vous avez plus de chance de nous trouver en train de déconner qu’à ruminer au fond d'une forêt. 

Je dirais que votre album est du blackened screamo croisé avec du crust, du mathcore et de l’indus, le tout enveloppé dans un voile de post -rock. Trouves-tu cette description pertinente?

Absolument! Dans le but de ne pas avoir l'air trop prétentieux, on aime bien dire à nos ami-es et à nos familles qu'on fait du “blackened hardcore”, mais tu viens de citer avec ce descriptif une grande partie des influences qu'on a en matière de genres. On a tous des goûts musicaux différents, et la fusion d’étiquettes de genre dont tu parles ci-dessus est la résultante claire de ces appétances mixées dans une seule pièce.

Peux-tu nous en dire plus sur la pochette de l’album? Comment a t-elle été créée? Quelle est votre direction artistique globale ?

Sasha, un bon ami à nous, s'est occupé des illustrations, et il a fait un travail de chef. En plus d'être un collègue de musique (regarde Malevich tout de suite, ils sont géniaux), Sasha est un artiste visuel très talentueux qui m'a tatoué une paire de fois.

Je me suis tourné vers lui à propos du concept de l’album et lui ai fourni des photos d’inspiration, mais le reste c'est lui. Il s'est montré classieux au point de nous donner des variantes qu'on a utilisé pour la promo de l'album sur internet.

L’album est construit avec un crescendo jusqu'au dernier morceau «Permission to rest», et boucle une boucle thématique en conférant au titre de l’album de la cohérence. Vouliez-vous faire un album sur la perte de chez soi?

Quelque part, oui. Mais plus spécifiquement, l’album parle du sentiment de perte d’autonomie qui surgit lorsque votre vie peine à correspondre aux attentes auxquelles vous vous étiez accrochés depuis l’enfance et la vie de jeune adulte ; c'était la prise de conscience que je n'avais plus aucun contrôle sur aucune des facettes de ma vie après avoir crû de manière arrogante que ça pouvait être le cas. Le “trou” était plutôt une métaphore du temps passé à guérir après qu’une série d’évènements traumatisants ont eu lieu dans ma vie, et “Permission to rest” a été la prise de conscience que c'était nécessaire de retourner dans ce trou en rampant.

Votre musique ne ressemble à aucune autre, mais on peut deviner des influences d'autres groupes. Parlez nous en.

C'est trop gentil! Des influences immédiate qui me viennent à l’esprit: Altar Of Plagues, The Body, Cult Leader , et Sumac.

Quel pourcentage de la musique du groupe le chant représente t-il? Tu considères que la voix est un instrument réel?

Je considère que c'est la batterie qui prend le plus de place dans notre son, JB et son style unique nous ont aidé à nous démarquer parmi les autres groupes qui tentent un son similaire. Donc, disons que la batterie représente 75% devant la voix qui avoisine les 5%. 

Et oui, je considère la voix comme un instrument, et je m’acharne constamment pour trouver des moyens d’améliorer mes performances musicales. Que ça soit biologiquement en augmentant mon panel ou artificiellement en utilisant des manipulations électroniques.

Tu utilises le sampling à profusion. Comment les trouves tu? Comment les incorpores tu? Peux tu décrire ton process ?

Les samples dans l’album sont tous originaux. Pour citer quelques exemples («Loss of a Kingdom», «Faithful Dreams»), j'ai demandé à un groupe d’ami-es de s’enregistrer en déclamant certaines phrases, pour d'autres j'ai cassé verres/assiettes etc. et j'ai enregistré le son avec un micro contact pour obtenir ce que je recherchais. À noter, les samples dans «Collected Messages of Abuse» sont des vrais messages de la personne qui s'en est prise physiquement à moi.

À quel royaume fais tu références dans «Loss of a kingdom» ?

C'est une référence à la Bible, l’album est en partie porté sur l’effondrement de mon marriage, qui s'est terminé en divorce. La Bible indique quelque chose du genre: “si un homme perd sa femme il a perdu le royaune” - on a mis ça dans l’album pour mettre en exergue la culpabilité qui s’instillait en moi autour de cette relation râtée. Cette culpabilité religieuse continue d'être un thème fort à travers le reste du LP.

«Days feel rehearsed» invoque les notions du temps et de la réalité. Selon moi, ça rappelle la phrase de Shakespeare: “life is a stage”. Est ce conscient? Tu veux nous en dire plus sur tes influences littéraires?

C'était une connexion consciente, oui. La chanson a été écrite à une période de routine stricte pendant laquelle je rendais visite à mon père à l’hôpital - les jours et les nuits commencèrent à devenir flous à mesure que sa santé déclinait. 

À peu prêt chaque morceau de l’album contient une référence littéraire. La Bible est très présente, ainsi que des paroles issues d’hymnes et de l'univers chrétien. Le travail de Cormac McCarthy, et celui de Chinua Achebe sont des références récurrentes. 

Quel est votre lien à la religion avec la politique actuelle?

J'ai grandi dans une culture chrétienne, mais j'ai pu m’éloigner de la religion en grandissant, et j’ai forgé mes propres opinions. Ça n'a pas été un processus facile, et je garde beaucoup de culpabilité peu importe à quel point je m'en détâche. 

Aux États-Unie, on fait actuellement face à une montée du Nationalisme Chrétien en gestation depuis un moment déjà - c'est devenu difficile de distinguer les valeures de droite et celles de l’église. En tant que personne qui est attaché à l’esprit de communauté, à la vie humaine, au progrès et à la gentillesse (etc.), c'est presque impossible de ressentir autre chose que de la colère lorsqu’on voit les conséquences d'un tel mouvement.

Trouvez-vous votre musique ritualistique?

Oui, au moins quelques passages. je pense à «Cadaver Synod» comme l’exemple le plus évident d'une vibe ritualistique, mais j’espère que ce genre de choses illumine d'autres morceaux.

Tu connais/aimes This Gift Is A Curse  (Suède)?

Oh la vache, ils font partie de mes préférés. Peut-être liront-ils ceci et voudrons faire une tournée avec nous ? Haha, je suis fan depuis un moment et leur album Heir vit sur ma platine depuis son arrivée il y a quelques mois.

«Faithful dreams» est une association poétique. Aimes-tu la poésie ?

 

Oui! J'essaie d'écrire nos paroles comme si elles étaient de la poésie. Même si elles sont hurlées ou distendues, j'y mets beaucoup d’intention. En tant que grand fan de musique, j'aime briser la voie linéaire des notes classiques et apprendre davantage sur ce que mes artistes préférés ont à proposer. J'espère que si des gens s’impliquent assez pour faire la même chose avec nous, il tireront du plaisir à lire ce que j'ai écrit.

Que conseilles-tu de déguster en écoutant A Hole Beneath the Home We Shared?

Du début à la fin, du café! On est 4 gars anxieux à une époque instable, pourquoi ne pas empirer la situation avec du blackened hardcore et un petit excès de cafféine ?

C'est comment, la vie à Atlanta?

Atlanta a une scène musicale très cool - beaucoup de nos ami-es font parmi les meilleures œuvres d’art dans le domaine de la musique lourde. Mais en plus de ça, il y a de la culture partout. De la nourriture (et wow, il y en a de la bonne) aux arts visuels en passant par la nature qui nécessite un tout petit coup de voiture; Atlanta est une ville inspirante.

Pour finir, donne nous ton top 3 cinéma et pourquoi. 

Ah, c'est dur de n’en choisir que 3! Mais je vais faire de mon mieux. 

 * Possession (1981) - Chaque scène de ce film suinte d'une atmosphère telle qu'elle m'a toujours perturbé davantage que mêmes les slashers les plus gores. Ayant vu une relation s’éffondrer et perdu mon identité dans cette histoire, Possession m'a toujours marqué en plein cœur.

* Hot Rod (2007) - Juxtaposons la possession lancinante avec le film le plus débile qui soit possible d’imaginer. J'ai vu ça adolescent et ça m'a fait péter le crâne tellement c'est drôle. À ce jour, je lance des citations du film une fois par semaine.

* Goodfellas (1990) - Film classique de daron, tu vois ce que je veux dire ? C'est un objet avec lequel je me suis posé, que j'ai regardé de différents angles un nombre de fois incalculable. À chaque fois, je suis happé par l’intrigue, et je dois le regarder jusqu'au bout.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous poser ces questions! C'était fun!