Mysterious Skin, de Gregg Araki (2004).
Alors que les larmes me montent aux yeux au moment de parler de cette pluie de céréales de film, construit comme un lent et progressif puzzle, que rythme une soundtrack toujours aussi shoegaze et post-rock, cet Araki “apaisé” embrasse à bras le corps son propos et montre, avec une justesse sans commune mesure, l’immontrable, nous fait vivre, dans un geste malaisant mais tendre, l’invivable, en nous faisant sentir que peut-être, à l’occasion d’un retour sur les lieux d'un crime, tout ira non pas bien, mais sûrement un peu moins pire, comme après un poétique câlin fraternel, seule chose capable de panser les plaies de l’inguérissable.
La charge émotionnelle de voir évoluer ces enfants aux parents démissionnaires, incompétents, proches du scandaleux, est absolument courageuse. Joseph Gordon-Levitt, incandescent, crève l’écran, transperce mon cœur. J'aime ce personnage là où il aurait eu besoin d'être sauvé, je l'aime là où je lui pardonnerais ses actes condamnables. J'aime également le personnage de Brady Corbet, dont l’enquête digne des meilleurs épisodes de X-Files signifiera la résolution du mystère épidermique éponyme qui aura brûlé si intensément dans son inconscient.
Premier et longtemps seul film que j'ai osé voir de son auteur, à la croisée du mélodrame et du fantastique, chaque seconde me draine puis me défibrille de mille feux. Chaque plan reste et restera avec moi comme un doudouloureux, un totem grâce auquel je ne pleure toujours pas (assez) pour l'enfant violé en moi.
Ce film-trauma est un prodige d'une importance cruciale et thérapeutique dans la construction de qui je suis. J'ai trouvé en Araki un mentor à la hauteur de l'art que je mérite.
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