The Frighteners, Fantômes Contre Fantômes, de Peter Jackson (1996).
En augmentant sa capacité de frappe numérique de 1 ordinateur à 35, le plus azimuté des réalisateurs néo-zélandais a balisé la voie pour ce qui allait devenir son plus grand œuvre quelques années plus tard avec la trilogie LOTR, en signant son premier blockbuster d'envergure.
Ici, Jackson est déjà accompagné de sa femme Fran Walsh au scénario. En vedette, un Michael J. Fox des grands soirs, tout en texture, égale ses prestations de la saga Back To The Future (à noter: R. Zemeckis en backup à la production). Les seconds rôles (Dee Wallace, Jake Busey, R. Lee Hermey pour en citer quelques uns) sont iconiques. Danny Elfman, alors à la mode et avant qu'il ne soit révélé en tant qu’abuseur, offre une partition comme lui seul sait le faire. Whodunnit badin, mêlant slasher paranormal et humour, dans une tradition hollywoodienne à la croisée des genres, cette pépite se déploie avec toute l’inventivité de la mise en scène de son créateur.
Plans-séquence, traversées des murs et des sols, poursuites en voiture, caméra à l’épaule, effets spéciaux novateurs qui n’ont pas pris une ride, dépiction de l’inimaginable au service d'un propos judicieusement cohérent au niveau filmographique (le film faisant suite au très sous-côté Heavenly Creatures): ces presque deux heures d’aventures épiques menées tambour battant explorent de manière entertainante la frontière entre notre monde physique et celui immatériel.
Porté par une galerie de personnages dont les portraits, écrits avec finesse, du héros moralement ambigu, au love-interest pas cucul, en passant par une team attachante d’acolytes (morts ou vivants) et des antagonistes qui donnent un change sérieux aux gentil-les, The Frighteners parachève un suspense de chaque instant, au sein d'un scénario à tiroirs hautement surprenant.
Truffé de thématiques propres à son auteur (deuil, dépassement du status quo par le courage et l’émancipation, lutte du bien contre le mal, l’au-delà) et de moments de bravoure procurant un kif prodigieux, que dis-je, un pied mortel, aux spectateur-ices, le métrage se pose aux côtés des Ghostbusters, Beetlejuice et autres Adams Family, en tant qu’une des meilleures comédies d’action fantastiques de ces dernières décennies.
Original à l'envi, dépassant son cadre géographique (action en Californie, pourtant tournée en Nouvelle-Zélande), Fantômes contre Fantômes recèle d’une portée créative et universelle sans commune mesure dans le paysage cinématographique. Il trouvera son pendant mélodramatique mais tout aussi réussi en 2009: The Lovely Bones, proposition connexe qui prouve, s'il le fallait, la qualité d'auteur du Kiwi fou.
Un film euphorisant comme rarement en a été produit.
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