The Shrouds, Les Linceuls, de David Cronenberg (2024)
Pour Cronenberg, donner suite à Crimes of the Future tient de la gageure, tant le film de 2022 marque un horizon quintessentiel, une œuvre-somme, à l'orée de l'indépassable.
Pour autant, The Shrouds est une proposition honorable: high concept intéressant, personnalisation d'un récit qui prend racine dans l'autobiographie, cohérence thématique eu égard au reste de la filmographie.
Très bien sur la forme (générique, musique, colorimétrie), le film pêche néanmoins sur le fond: le scénario évolue avec des gimmicks et des fausses pistes creuses qui portent involontairement à confusion ; les décors à dessein minimalistes sont fades et n'atteignent pas la texture épurée dont recelait un film comme Cosmopolis ; les effets spéciaux, notamment pour montrer les cadavres, paraissent cheap, comme manquant d'ambition, de soin ; le personnage de Cassel, double fantasmé du cinéaste, peine à susciter l'émotion, là où sa situation d'endeuillé aurait méritée un traitement moins cérébral.
C'est peut-être donc dans cette descélération par rapport au viscéral que mes réserves sur ce film de Cronenberg se fondent. Dead Ringers, Crash, mais surtout Consumed, son (seul et unique) roman de 2014, réussissaient de manière davantage organique à explorer le rapport obsessionnel et dérangeant que des personnages peuvent entretenir avec le désir sexuel, les pulsions de mort et les technologies (notamment connectées).
Ce n'est alors pas désagréable de voir David tourner en rond, mais ça n'est pas aussi mémorable que le postulat sur lequel The Shrouds démarre le suggérait.
Fatigue ? Précipitation ? On ne reprochera pas à Papy de faire de la résistance: même si j'aurais apprécié que Cronenberg lâche la bride de son auto-portrait, son film, pudique et raffiné, vaut quand même le coup d'œil.
C'est pourquoi je lui attribue 3½*/5.
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