Super Happy Forever, de IGARASHI Kohei (2024).
IGARASHI Kohei, bien qu’encore très confidentiel en Europe, est un nom qui avait su saisir par deux fois l’intérêt de Kino Wombat avec son premier long-métrage, Takara, La Nuit où J’ai Nagé.
Tout d’abord en collaborant avec le français Damien Manivel (L’Île, Les Enfants D’Isadora) cinéaste expérimental touche à tout, puis en révélant avec cette rencontre un véritable petit miracle intime, d’une épure rare, un geste profondément touchant.
Depuis quelques années, l’attente du retour du cinéaste commençait à grandir.
Il aura fallu patienter six années pour découvrir sur le sol français de nouvelles toiles de ce grand nom à en devenir.
Une nouvelle page s’écrit aujourd’hui.
Lauréat du Grand Prix du Meilleur Film au Festival de Gand et Golden Puffin au Festival International de Reykjavík, hors compétition au Festival Kinotayo à Paris, Super Happy Forever, film tout cool, tout calme, tout tendre, bercé par les vagues de l’océan et la minéralité de ses rivages, illustre toute la douce poésie inhérente à ce rapport particulier à la nature qui caractérise en grande partie le cinéma japonais.
Un homme part à la recherche de la casquette rouge qu’il a perdue des années auparavant lors de sa première visite. Une employée vietnamienne saisonnière dans un hôtel sent poindre la fin de son embauche. Les personnages, en réminiscence, parcourent les territoires spatiaux et mentaux le long des allées du souvenir, dans des plans cadrés et montés avec une minutie envoûtante.
Pendant asiatique d’Aftersun de Charlotte Wells dans sa dépiction d’une temporalité qui se distend puis se resserre, entre l’infini et l’évanescent, alors que leurs quêtes arrivent au bout du chemin, les êtres se croisent, se posent, méditent, créent du sens, lapidaires mais avec tact, dans des tableaux d’un esthétisme vivifiant.
Comme un séjour à Roscoff (Bretagne) en pleine canicule, ce fragment proustien du temps qui passe regorge d’un amour indiscutable pour ses protagonistes et invite le public, à l’occasion de ce séjour côtier, à subsumer leur existence dans une peinture sensible, atmosphérique et sans ajout musical, fondée sur la retranscription par les 5 sens d’un moment vital. Une ode d’une pureté bienvenue et étonnante, une parenthèse lumineuse, comme un oasis salutaire au milieu d’un monde tempétueux.
Introduction et relecture: Kinowombat / QT
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