Rétrospective Étrange Festival 2024 (30ème édition)





 从21世纪安全撤离 (VI: Escape From The 21st Century, de Li Yang, 2024)

Une comédie uchronique mastodonte, décomplexée, irrévérencieuse, colorée, fraîche, truculente, potache, avec des potes qui tâchent.

Entre Scott Pilgrim, Everything Everywhere All At Once et Judd Apatow, mais surtout au delà des comparatifs éculés.

Parfois retors à suivre, non dénué d'excentricités stylistiques et de tons, le film propose une expérience au caractère unique garanti, avec ses incursions dans l'animation, une verve héritée des mangas, et un traitement du genre du voyage temporel / de la S-F comme il a rarement été donné de voir. 

Gimmicky, un poil longuet, cet OVNI du cinéma chinois divisera mais pour sûr étonnera. 


किल (VI: Kill, de Nikhil Nagesh Bhat, 2023)

[Chronique à venir.]



Maldoror (de Fabrice Du Welz, 2024)

Terassé-e: c'est le sentiment que provoqua en moi ce film âpre, qui a de la gueule - dans le meilleur sens du terme.

La grisaille industrielle belge crée des images glaçantes, accentuée par la dimension hertzienne proche du virus, celui du mal, pour une investigation forcenée héritière de Pakula ou de Fincher.

Mais au-delà, une force affirmative surpuissante et abrasive, au ton unique, dont la BO de chuchotements chantés et le sound design de violent vacarme font basculer intimement dans la psyché de Paul, un Anthony Brajon hallucinant de justesse et d'intensité, filmé à presque chaque plan de ces 2h35 obsessionnelles, éprouvantes, dégueulasses, sublimes, comme les vers de Lautréamont du recueil éponyme.

Désespéré dans sa quête vigilante, ce héros de "revenge fantasy" au visage et à la voix magnifiques me rappellent tout bonnement la candeur déchirante d'un jeune De Niro.

Exceptionnel.


Steppenwolf (d'Adilkhan Yerzahnov, 2024)

Corbeau d'Or au Brussels International Fantastic Film Festival, ce mélange entre thriller et western du prodigieux réalisateur kazakh Adilkhan Yerzahnov a été un des highlights de mon festival.

Le film, pourtant d'une durée raisonnable (1h42), réussit, comme souvent chez son auteur, à décupler la temporalité, épousant par de longs cadrages un espace et des actions infernales. Enfermé-es dans une aridité verbale et territoriale, les spectateur-ices peinent à garder un cap et un espoir, dans un univers qui délibérément, voire désespérément, déboussole. 

Restent une maestria formelle et une écriture très solide, qui maintiennent l'attention malgré la portée contemplative mêlée d'accès de violence absurdes de ce film résolument hybride.

Une réussite tranchante et low-key pétaradante.

P.S.: également Mention Spéciale du Jury Crossovers au FEFFS 2024

Timestalker (d'Alice Lowe, 2024)

En mixant film de réincarnation (quelque part, sous-genre du voyage temporel) et comédie de mœurs, la réalisatrice fait un pari ambitieux: envoyer son héroïne à différentes époques et faire évoluer les multiples aspects féminins, voire féministes, de sa personnalité.

Formellement réussi dans ses reconstitutions (costumes, maquillages, atmosphères, linguistique), le film désarçonne par son propos militant assumé, qui se mêle à une tonalité satirique, voire moraliste, mais tombant dans le verbeux là où davantage de monstration visuelle aurait apporté de la cohérence et une adhésion plus appuyée.

L'ensemble se regarde avec plaisir, mais on sent la voix d'une autrice encore balbutiante, qui effectue avec cette curiosité cinégénique un geste maladroit qui convainc et amuse malgré tout.


目中无人(VI: Eye for an Eye, de Yang Bingia, 2022) 

[Chronique à venir.]

目中无人:以眼还眼 (VI: Eye for an Eye 2: Blind Vengeance, de Yang Bingia, 2024)

[Chronique à venir.]


Else (de Thibault Emin, 2024)



Rock Bottom (de María Trénor, 2024)

Marquant les 50 ans de l'album culte éponyme de Robert Wyatt, musicien pionnier et prolifique du groupe psychédélique Soft Machine, le film d'animation proposé ici retrace la genèse de ce premier virage solo de l'artiste. 

Reconstituant les lieux, atmosphères, remous de cette création musicale qui fit date dans les milieux initiés, le biopic investit avec rigueur et poésie le champ émotionnel, voire romantique, pour proposer un voyage court mais intense dans l'intimité de Wyatt et de sa compagne alors. 

Rares sont les films qui marient aussi bien narration fulgurante, animation de fantasy limpide et mélodies célestes. L'oeuvre de Wyatt s'en retrouve décuplée, certes cristalisée dans son époque mais dont la portée fondatrice résonne encore de nos jours. 

Un film superbe. 


Gazer (de Ryan J. Sloan, 2024)

Une exploration mélancolique du New Jersey, et une déclaration d'amour pour l'analogue qui s'expriment à travers le prisme d'une mère-courage neurodivergente, qui se bat becs et ongles pour sa liberté.

On voit parfois les références: le réalisateur et sa co-scénariste/actrice Ariella Mastroianni mélangent le neo-noir à la Blood Simple (Sang pour Sang, des frères Coen), des visions oniriques ou cauchemardesques rappelant Videodrome (David Cronenberg), avec des touches de violence réminiscentes de Bound (les Wachowski).

Constituant le premier volet d'une future trilogie, cette entité "Regardante" a une belle force de persuasion, malgré ses influences. Fruit d'années de préparation et de labeur, cette péllicule se révèle une curiosité intéressante. 

Devo (de Chris Smith, 2024)

Turbo-documentaire à la manière de ce qu'Edgar Wright réussit avec The Sparks Brothers (2021), le film de Chris Smith, dont la filmographie semble tendre vers une obsession pour les figures géniales (e.g. JimAndy: The Great Beyond), est une synthèse extrêmement bienvenue du travail pop et politique du groupe culte américain éponyme.

Dans un équilibre entre montage d'archives, clips et témoignages, le documentaire va aussi vite que le combo de l'Ohio: hyper-productifs, conscients de leur société consommatrice allant de mal en pis, les musiciens, également visionnaires de grand talent, prouvent au monde depuis des décennies que le punk, avant d'être post-metal, est davantage qu'une posture, c'est un mode de vie.

En découle un reportage ultra-qualitative qui met le groupe sur le petit piédestal sur lequel il mérite de trôner: iconique, révolutionnaire, humble et fracassant.

Un documentaire musical à voir et revoir, dorénavant disponible sur Netflix.


Riverboom (de Claude Barchtold, 2023)

[Chronique à venir.]


Le Fantôme Vagabond (de Félix de Givry, 2024)

Court-métrage ouaté en noir et blanc, convoquant l'épure spectrale du Vampyr de Dreyer et la terreur sourde de The Others d'Amenabár.

Envoûtant, réalisé avec efficacité, un bon préambule pour le film qui suivit.


Late Night With The Devil (des frères Cairnes, 2023)

Enfant méta-télévisuel hystérique de The Exorcist et de Magnolia dans ce qu'il raconte du fanatisme et d'une société qui se cramponne au moindre bout de divertissement, le film des trublions australiens est un pur ride de grand huit horrifique.

D'une facture found-footage conventionnelle de prime abord, ce show incroyable prend son envol vers une direction expérimentale où, dans une suspension de crédulité assurée par ses qualités techniques indéniables (rythme effréné, multiplication des cadres, sound design abasourdissant, trouvailles de montage), le-a spectateur-ice peut jubiler non sans hilarité à la vision de cette pépite instantanément entrée dans le domaine du culte depuis sa sortie.

Un excellent régal sensoriel.


Metamorphypus (de Joseph Carney, 2023).

Court-métrage qui lorgne vers un body-horror hésitant, le film saisit avec suffisamment de finesse la psychologie sous-jacente derrière les questions d'un artiste au moment du bilan face à son œuvre.

Pas révolutionnaire, mais digne du coup d'œil.

Yigè hé sì gè (VI: One & Four, de Jiumei Chebglie, 2021)

Honnête premier film de son réalisateur, avec un cadre atypique (la nature tibétaine en hiver), ce western entre tradition et modernité hésite beaucoup dans ses tonalités: pugilat sur la bassesse humaine, constat meurtri d'un environnement mis à sac, fable absurde tendant vers le comique grinçant, on se situe plutôt dans le giron d'un The Hateful Hate que d'un Il Grande Silencio.

Les influences du film font ses défauts: une tendance à la caricature, un rythme bâtard, une appétance pour la violence gratuite. Néanmoins, bon parti est tiré du scénario, du casting et des choix de mise en scène satisfaisants.

Pas un chef d'œuvre, mais une chouette découverte.

Мастер и Маргарита (VF: Le Maître et Marguerite, de Michael Lockshin, 2024)

[Lecture du roman de Mikhaïl Boulgakov et chronique de l'adaptation à venir.]


[Chronique à venir]



Interface (d'Umami / Justin Timchuk, 2022)

Visuellent ébouriffante, cette uchronie au sound design captivant rappelle des tableaux à la Magritte et consorts,et arpente des chemins similaires au Naked Lunch de Cronenberg et Burroughs.

Le personnage principal fait office d'élu, accompagné dans un voyage nietzchéen à travers le deuil et le dépassement de la maladie par un vers de terre que n'aurait pas renié Lynch. 

En fil rouge, des motifs psychédéliques et kaléidoscopiques forment un monde en soi, que l'expérience de cette websérie transposée sur grand écran magnifie. 

Un immense film d'animation pour une expérience cinéma unique en son genre. 


The Thief and the Cobbler (de Richard Williams, 1993)

À l'instar du Roi et l'Oiseau en France dont il est réminiscent de par sa genèse interminable et l'importance accordée à l'architecture, ce film d'animation a clairement été pillé par Disney dans Aladdin.

Sorti pour la première fois après lui, il aura fallu le concours de l'Académie des Oscars pour réhabiliter cette œuvre azimutée ("out there", terme de Flying Lotus).

Grinçant, au suspense rondement mené, à l'animation parcellaire qu'un montage compense avec des astuces de survie, ce Voleur et le Cordonnier emporte l'adhésion d'un public qui saura reconnaître la brillance psyché de son esthétique et la maestria de sa réalisation.

Cemetery of Splendor (de Apichatpong Weerasethakul, 2015)

[Chronique à venir.]


Eraserhead (de David Lynch, 1977)

Premier "bébé" et premier chef d'œuvre matriciel de son auteur, quel a été mon choc et le fracas visuel de le redécouvrir sur grand écran grâce à la curation de Flying Lotus pour sa dernière Carte Blanche à l'Étrange Festival.

"Basic midnight movie" s'il en est, l'innovation surréaliste, comico-absurde et horrifique de cette heure et demie que j'avais refoulée, dont je pensais être familier mais me souvenais en fait dans le désordre, me permet de revoir à la hausse toute la filmographie de Lynch.

Son travail acharné et de longue haleine, pour ce film soi-disant de fin d'études, est une affirmation artistique radicale, jusqu'au-boutiste, aux frontières du cauchemar et de l'insoutenable.



Mandy (de Panos Cosmatos, 2018)

[Chronique à venir.]


Enter The Void (de Gaspar Noé, 2009)

[Chronique à venir.]


Disco Dancer (de Babbar Subhash, 1982)

[Chronique à venir.]


Touch of Evil (d'Orson Welles, 1958)

Redécouvert après l'avoir vu pour la première fois à 16 ans lors d'une sortie scolaire au cinéma, ce film est un sommet du polar crépusculaire.

Du plan-séquence initial, au clair obscur profond, en passant par le casting/acting de fou malade, on a affaire à un Orson Welles au sommet de son art, devant comme derrière la caméra.

Fruit d'une pulsion créatrice en conflit avec le milieu dans lequel il naquit, ce chef d'œuvre neo-noir offre un traitement sans pareil des ténèbres de l'âme humaine, ainsi qu'un exemple faramineux de réussite de mise en scène.

Dantesque.


The Voices (de Marjane Satrapi, 2014)

[Chronique à venir.]


Vanishing Point (de Richard C. Sarafian, 1971)

[Chronique à venir.]


Blue Ruin (de Jeremy Saulnier, 2013)

[Chronique à venir.]



Ichi The Killer (de MIIKE Takeshi, 2001)

[Chronique à venir.]


Freaks (de Tod Browning, 1932)

[Chronique à venir.]


The Hills Have Eyes (VF: La Colline a des yeux, de Wes Craven, 1977)

[Chronique à venir.]



It's Alive (de Larry Cohen, 1974)



Street Trash (de Jim Muro, 1987)

[Chronique à venir.]


A Boy and His Dog (VF: Apocalypse 2024, de L.Q. Jones, 1975)

[Chronique à venir.]



I Was A Teenage Serial Killer (de Sarah Jacobson, 1993)

[Chronique à venir.]


The Unknown (de Tod Browning, 1927)

[Chronique à venir.]


The Last Of England (de Derek Harman, 1987)

Ceci fut mon introduction à Derek Jarman.

Un OVNI expérimental qui confine à l'anti-film, où les images superposées, les plans accélérés, le montage abrasif épileptique, l'absence d'intrigue, cette voix-off récitant puis réticent de la poésie, les chutes et reprises de rythme ; ce chaos sonore visuel anarcho-punk apocalyptique en rouge et bleu ; tout ça happe la rétine et twiste le cerveau.

On ne comprend pas grand chose, mais on ressent tout dans une fulgurance pourtant ode de ténèbres pop hallucinatoires.

Profondément limpide et pourtant terrifiant d'opacité. Une piqure de drogue héroïque pour une cascade-ballet d'occis morts.


The Doom Generation (de Gregg Araki, 1995)



 (VF: LÎle, de Kim Ki-duk, 2000)

[Chronique à venir.]


宇宙からのメッセージ (VI: Message from Space; VF: Les Évadés de l'Espace, 1978)

Découvert dans un bar qui l'avait projeté un soir, ce plagiat/pastiche nippon de A New Hope, confus dans son scénario et sa mise en scène, à l'acting over-the-top (casting mixte 🇯🇵/🇺🇸, Onnagata), régale par ses délires verbaux et visuels kitsch, éprouvant la suspension d'incrédulité, avec une teneur divertissante qui fait passer outre ses défauts évidents. Costumes et décors sont bariolés mais fonctionnent.

Objet curieux pour nerd au grand cœur, ce space-opera/actioner effréné est, malgré les emprunts à SW, 💯 original. Avec des arcs narratifs littéralement à la noix (VMVC), des VFX produits en 1 temps éclair très inventifs (maquettes en prise de vue réelle, explosions tonitruantes, compositing vidéo), des héros pieds nickelés attachants, des antagonistes à la hauteur, trève de pinaillerie: pour son charme imparfait et le constat que j'ai envie de rester dans l'univers du film, je maintiens ma notation initiale de 5* à ce rewatchable foisonnant qui a tout mon amour.


Tusk (d'Alejandro Jodorowsky, 1980)

Presque 45 après que la production a charcuté le montage de ce film et qu'Alejandro Jodorowsky a reçu des huées à Hollywood, l'artiste, dans la force de l'âge (95 ans), accompagné de sa femme Pascale, a enfin pu montrer le director's cut inédit de ce film "commercial pour enfants", à 500 personnes réunies pour le célébrer à l'Étrange Festival 2024.

La magie crée par les plans-séquence, les ralentis poétiques, le propos anti-colonial et ce coming-of-age entre une héroïne et son double animal en la présence incarnée par l'éléphant, nous est proposée comme une relecture du mythe de King Kong avec une fraîcheur que ce nouveau montage, sound design et colorimétrie magnifient.

À découvrir absolument.


Gaumont, l'Étrange Anthologie (de Sylvain Perret, 2024)

Le réalisateur a monté pour le festival des archives méconnues du catalogue Gaumont, pour un résultat loufoque, émminement visionnaire, réflexif et pertinent.

Un joyau.



Love Is The Devil (de John Maybury, 1998)

[Chronique à venir.]


Il Vangelo Secundo Matteo (de Pier Paolo Pasolini, 1964)

[Chronique à venir.]


The Killing Of America (de Sheldon Renan, 1981)

[Chronique à venir.]


The Fall (de Tarsem Singh, 2006)

Les mots manquent tant j'ai été happé-e par cette fresque fantastico-poético-épique, réflexion sur le storytelling, le combat de I'innocence face à la maladie et la valeur d'un cinéma brutalement honnête et d'une pureté rarement atteinte.

Tarsem Singh, le réalisateur, était là pour nous présenter son chef d'oeuvre culte et nous dire d'éteindre nos "fucking phones" le temps de son invitation au voyage en version restaurée. Les producteurs David Finche et Spike Jonze auront eu aussi droit à ce cadeau quelques semaines plus tard à Los Angeles pour le revoir enfin après 18 ans. Ce temps, la moitié de ma vie, qu'il m'aura fallu pour le voir pour la première fois dans des conditions royales.


The Masque of the Red Death (VF: Le Masque de la Mort Rouge, de Roger Corman, 1964)

[Chronique à venir.]


The Intruder (de Roger Corman, 1962)

[Chronique à venir.]




Nosferatu, eine Symphonie Des Grauens (VF: Nosferatu le Vampire, Friedrich Wilhelm Murnau, 1922)

[Chronique à venir.]



极寒之城 (VI: The Coldest City, de Feng Yang, 2023)

[Chronique à venir.]


























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