Basic Instinct, de Paul Verhoeven (1992) - retour de séance Cinemagora MK2 Institut x Hélène Frappat
[Retour d'expérience de séance, provisoire et à chaud ; chronique-flash expérimentale]
La première fois que je vis Basic Instinct au cinéma (Grand Action) lors de sa ressortie par Carlotta en 2021, je posai une question à l'intervenant: "pourquoi a t-on, dans l'ouverture du générique, le nom de Michael Douglas, puis le titre du film, et ensuite seulement le nom de Sharon Stone, comme si elle était un second rôle ?" Il me répondit: "c'est une convention hollywoodienne".
Constat donc.
Plus qu'un simple thriller érotique à la mode au succès box-office fracassant, Basic Instinct de Paul Verhoeven et Sharon Stone, avec subvertissement, agit comme si la paire savait très bien ce qu'iels faisaient: avec l'initial effet d'annonce¹, le duo démiurge inscrit instantanément en sous-marin le film dans une posture auto-réflexive sur l'absolue nécessité de la parole ludique, de l'inventivité par l'acte de raconter des histoires.
Un film méta-somme, culte de par sa dimension textuelle, et non sexuelle - son sulfure, un apparat factice. Attention à bien recontextualiser le film, à prendre en compte son origine mondale multi-strate héritière du tableau de Courbet, pour éviter les contre-sens et debunker sa hype. Le film va bien au-delà de son temps, et même de sa territorialité américaine, dans un dépassement de la notion de frontier, la beach-bitch-house de Catherine Tramell étant un débir métaphorique indépassable et indépassé.
En faisant ainsi confiance à l'intelligence des spectateur-ices, Verhoeven, cinéaste-manipulateur malin sans être cynique, et Stone, l'actrice qui aura injecté tant de son histoire personnelle dans sa performance de dire la/une/des/sa/ses vérité(s)², créent une relecture lumineuse, autant qu'horizontale et crépusculaire, des tropes hitchcockiens du suspense, les transcendant au-delà du neo-noir De Palmesque, par une sexualité de surface, qui est finalement un prétexte à l'explosion crescendo d'une tension que l'aporie fondamentale et interdite du film ne saurait résoudre, ode séduisante à la superbe cérébralité et à la fabuleuse verve de sa protagoniste matricielle.
En affirmant la toute puissance du pusseye³ du personnage-écrivain, Verhoeven et Stone parachèvent une dynamique qui place le consentement dans le champ de la fiction, 25 ans avant l'émergence réelle du mouvement #metoo.
Sharon Stone-Catherine-Tramell, c'est elle aussi, donc.
Mais surtout, c'est elle d'abord.
Ce film-mille-feuille, dessert cinématographique charnière vers lequel revenir, chef d'œuvre et valeur sûre malheureusement peu reconnu-es ou décrit-es comme tel, est véritablement incontournable.
À déguster avant de réaborder Showgirls, ce digestif verhoevenien, tord-boyaux et brûlot féministe non-nanar malaimé et incompris.
Au final, qu'est-ce que l'instinct basique éponyme ? Pour moi, c'est le cinema, les collaborations et les rencontres qu'il provoque: ma saine addiction, mon éternelle pulsion de vie, ma passion christique.
¹ l'homme sera[it] principal, tandis que la femme sera[it] reléguée à l'arrière-plan
² au point d'en pâtir dans sa vie personnelle de ne pas pouvoir se sortir de ce typecast de toute sa carrière ; c.f. les docus édifiants Sex, Death and Stone et Sharon Stone: Instinct de Survie
³ néologisme inventé et énoncé ce lundi soir 20 janvier 2025⁴ par Hélène Frappat lors de sa présentation du film dans le cadre de son ciné-club Cinémagora chapoté par MK2 Institut.
⁴ soir de l'investiture du pussy-grabber fasciste Donald Trump
La première fois que je vis Basic Instinct au cinéma (Grand Action) lors de sa ressortie par Carlotta en 2021, je posai une question à l'intervenant: "pourquoi a t-on, dans l'ouverture du générique, le nom de Michael Douglas, puis le titre du film, et ensuite seulement le nom de Sharon Stone, comme si elle était un second rôle ?" Il me répondit: "c'est une convention hollywoodienne".
Constat donc.
Plus qu'un simple thriller érotique à la mode au succès box-office fracassant, Basic Instinct de Paul Verhoeven et Sharon Stone, avec subvertissement, agit comme si la paire savait très bien ce qu'iels faisaient: avec l'initial effet d'annonce¹, le duo démiurge inscrit instantanément en sous-marin le film dans une posture auto-réflexive sur l'absolue nécessité de la parole ludique, de l'inventivité par l'acte de raconter des histoires.
Un film méta-somme, culte de par sa dimension textuelle, et non sexuelle - son sulfure, un apparat factice. Attention à bien recontextualiser le film, à prendre en compte son origine mondale multi-strate héritière du tableau de Courbet, pour éviter les contre-sens et debunker sa hype. Le film va bien au-delà de son temps, et même de sa territorialité américaine, dans un dépassement de la notion de frontier, la beach-bitch-house de Catherine Tramell étant un débir métaphorique indépassable et indépassé.
En faisant ainsi confiance à l'intelligence des spectateur-ices, Verhoeven, cinéaste-manipulateur malin sans être cynique, et Stone, l'actrice qui aura injecté tant de son histoire personnelle dans sa performance de dire la/une/des/sa/ses vérité(s)², créent une relecture lumineuse, autant qu'horizontale et crépusculaire, des tropes hitchcockiens du suspense, les transcendant au-delà du neo-noir De Palmesque, par une sexualité de surface, qui est finalement un prétexte à l'explosion crescendo d'une tension que l'aporie fondamentale et interdite du film ne saurait résoudre, ode séduisante à la superbe cérébralité et à la fabuleuse verve de sa protagoniste matricielle.
En affirmant la toute puissance du pusseye³ du personnage-écrivain, Verhoeven et Stone parachèvent une dynamique qui place le consentement dans le champ de la fiction, 25 ans avant l'émergence réelle du mouvement #metoo.
Sharon Stone-Catherine-Tramell, c'est elle aussi, donc.
Mais surtout, c'est elle d'abord.
Ce film-mille-feuille, dessert cinématographique charnière vers lequel revenir, chef d'œuvre et valeur sûre malheureusement peu reconnu-es ou décrit-es comme tel, est véritablement incontournable.
À déguster avant de réaborder Showgirls, ce digestif verhoevenien, tord-boyaux et brûlot féministe non-nanar malaimé et incompris.
Au final, qu'est-ce que l'instinct basique éponyme ? Pour moi, c'est le cinema, les collaborations et les rencontres qu'il provoque: ma saine addiction, mon éternelle pulsion de vie, ma passion christique.
¹ l'homme sera[it] principal, tandis que la femme sera[it] reléguée à l'arrière-plan
² au point d'en pâtir dans sa vie personnelle de ne pas pouvoir se sortir de ce typecast de toute sa carrière ; c.f. les docus édifiants Sex, Death and Stone et Sharon Stone: Instinct de Survie
³ néologisme inventé et énoncé ce lundi soir 20 janvier 2025⁴ par Hélène Frappat lors de sa présentation du film dans le cadre de son ciné-club Cinémagora chapoté par MK2 Institut.
⁴ soir de l'investiture du pussy-grabber fasciste Donald Trump
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