Rétrospective Étrange Festival 2025 (31ème édition) [2/2]
Lorsqu'un acteur-réalisateur égotiste se met en scène lui-même en train de consommer toutes les drogues possibles, y compris celle légale de l'alcool, on peut s'attendre à un joyeux délire.
Le film opère de deux manières: en plans-séquences du point de vue interne de Jimmy en début et fin de film ; en caméra à l'épaule en mode guérilla dans le cœur d’ “intrigue”. Dans un décor unique (celui de l’appartement du personnage principal), la tension monte rapidement dans cette unité de lieu sur fond d’invasion alien cartoonesque.
C'est dans la temporalité que s'exprime le mieux ce splatter farfelu écrit avec le cul, oscillant entre survival de science-fiction et comédie trash psychonautique: enfermé-es que nous sommes dans le logement emmuré et le cerveau malade du prétendu “auteur”, nous traversons l'espace-temps du film sans temps morts, avec pléthore d’effets pratiques, des hectolitres de faux gore (fluo, comme du corpse paint), et une dilatation chronologique de la diégèse.
Réjouissant pour certain-es, cet étalage excentrique d’images crasses est soutenu par une réalisation qui se veut expérimentale, avec ses cadres tournoyants, tremblants, vomitifs, ses tentatives de séquences ininterrompues, qu'un montage anarchique tente de mettre en valeur.
Malheureusement, c'est dans le langage et la prétention du métrage que le bas blesse: aucune sympathie n’est possible pour des personnages incapables de faire autre chose que de jurer (nombre incalculable de “fuck”), de s’altérer la conscience, et de tout haïr, dans une histoire à dormir debout, geste pseudo-méta qui ne commente ni les affres inhérentes à l'acte de création ni l’auto-dérision réflexive nécessaire à un tel exercice de style.
D'une arrogance antipathique et dérivatif de films d’horreur des années 80 qui eux résistent à l'épreuve du temps grâce à leur ton authentiquement badin et leurs propos satiriques sans qu'ils ne deviennent caduques, Jimmy & Stiggs, au propos abyssal, est l'objet nul et non avenu qu'il ignore qu'il est. Ni un futur film culte, ni une expression jubilatoire de couleurs néon et de violences hardcore, c'est le fait d'un mec qui se veut punk et edgy, qui y échoue factuellement. Le financement par le sioniste d'extrême-droite et mauvais réalisateur Eli Roth parachève d’indiquer que chemin aurait dû être passé, si j'avais su à qui j'allais donner mes deniers. On ne m'y reprendra pas.
On ne convoque pas Tobe Hooper, Sam Raimi, Peter Jackson et Gaspard Noé quand on ferait mieux se taire.
Une purge et du foutage de gueule. Inadmissible.
Film réussi pour contrebalancer : Attack The Block, de Joe Cornish.
La Disparition de Joseph Mengele, de Kirill Serebrennikov (2025)
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